dantec pris en embuscade chez ardisson
on pensait avoir des explications, en particulier sur son dernier journal qui n'a pas été édité. on ne savait que trop aussi que l'intervention de Dantec à 'tout le monde en parle', samedi soir pour la promo de sa dernière brique, Cosmos Incorporated, pouvait tomber lamentablement à plat.

au début, on a peur. la grande machine cathodique nous donne à voir une brochette de personalités venues vendre leur produit de rentrée, jack lang avec son futur programme électoral ultra sympa, jean d'ormesson avec son dernier bouquin de gare tendance incontinent, entre autres. autant dire que l'emission s'annonce d'emblée comme une sorte de pot pourri de tout ce que l'écrivain conchie dans cette bonne vieille france. et on caresse l'espoir qu'arrive le moment ou maurice débarque pour filer un coup de pied dans la fourmillière de l'excess-conviviality.

mais le maitre de cérémonie ardisson en a décidé autrement.
donc quand maurice arrive, en ultime invité de la soirée, il ne reste plus grosso merdo que les rigolos qui trépignent d'impatience de pouvoir étaler leur "culture" au fameux blind-test final.
et là, on commence quand même à être rassuré. le bonhomme a bonne mine, il a ressorti les lunettes à verre miroir qu'on n'avait plus vues depuis quelques années, il est propre.

ardisson démarre son fameux 'pitch', et lorsqu'il demande des explications sur les thèmes du Grand Jihad ou de l'Unimonde Humain, ça commence à sentir le brulé. et ça ne loupe pas: après quelques questions plus ou moins courtoises débouchant sur des réponses assez habiles, on arrive rapidement au fameux et imparable refrain: maurice dantec est un facho, il a déclaré avoir fui au canada pour éviter à sa fille la fréquentation de "bêtes sauvages" des banlieues.

dantec voit l'histoire du bloc identitaire remonter de la fosse sceptique journalistique de son dossier de presse, gros comme une maison, et pose donc cartes sur table dans une tentative d'explication qu'il ne pouvait pas n'avoir pas prévue. deux bons mots de son équipe d'inquisiteurs de choc, récompensés par les applaudissements du public habituellement lobotomisé par une heure et demi d'un défilé de peoples plus ou moins débilitants, plus ou moins imbibés, et ardisson a convaincu son monde: sur le front de maurice, le mot "méchant" clignotte en lettres de néons.

pour lancer un débat qui s'annonce tout à fait impartial et tenter de déstabiliser le néo-catholique radical à détruire, ardisson amène dans l'arène un théologiste-sociologue du monde arabe qu'on a beaucoup vu ces derniers mois.
le type est assez salement remonté, même si il s'efforce de garder la tête froide, et surtout de ne pas trop montrer qu'il ne connait absolument rien de la personne qu'il a en face de lui, ni ses livres, ni ses propos, mais seulement un micro-digest servi par notre présentateur branché favori qui démontre indéniablement que l'écrivain est un méchant pro-américain anti-musulman, un homme à abattre, ou au moins à faire taire.

après un préambule ou on nous assure que "99% des musulmans sont pacifistes", notre érudit ne cache pas qu'il "n'a pas beaucoup aimé les propos de m dantec". le procès continue, mais dantec reste combatif. quelle parade face à une argumentation aussi pauvre, une prestation aussi misérable, "le coran pour les nuls" tendance révisionnisme universitaire, qui plus est face à une assemblée déja convaincue si ce n'est totalement indifférente.
rester calme, glacial, envoyer quelques bombes en attendant le moment ou le type se prend tout seul les pieds dans le tapis.

et ça tombe, tout seul : " avez vous lu le coran, m. dantec ? - oui. - mais l'avez vous compris ? parce que voyez vous, on peut parfaitement lire un livre et ne pas le comprendre! d'autant que moi, monsieur, j'ai lu le coran sans le filtre de la traduction, directement en arabe. et autant dire que même en arabe, certain versets posent encore des problèmes d'interprétation aux théologiens. alors, avec votre version française, je comprends que vous n'y ayez rien compris."
rire franc de dantec.

une intervention télévisée en terrain hostile donc, orchestrée de main de maitre par l'icone du service public hype-d'il-y-a-dix-ans, ou, seul contre tous, dantec s'en tire plutot bien.

[2005-09-05|11:27]
 
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